Les premiers habitants de Rawabi, la ville palestinienne en construction en Cisjordanie, sont attendus l'année prochaine

lexpress - Marie de Vergès - Pierre Moscovici doit se rendre dimanche à Rawabi, la ville palestinienne en construction en Cisjordanie. Un projet ambitieux et semé d'embûches qui ravive, malgré l'occupation israélienne, l'espoir de voir naître un Etat fort.

De la route en contrebas, impossible de rater le site. Planté au sommet d'une éminence, un fanion géant aux couleurs de la Palestine accueille le visiteur, comme pour souligner l'audace de ce projet immobilier en train de voir le jour à une dizaine de kilomètres au nord de Ramallah : la création ex-nihilo d'une ville nouvelle en Cisjordanie, baptisée Rawabi - "collines" en arabe. Du jamais vu. L'étape figure au programme du ministre de l'économie Pierre Moscovici qui accompagne François Hollande lors de son voyage en Israël et dans les Territoires palestiniens, du 17 au 19 novembre. 

Ambition palestinienne

"Rawabi est l'un des prémices d'un futur Etat palestinien fort", assène Bachar Masri, l'homme qui conduit cette entreprise périlleuse. Patron du conglomérat Massar, le maître d'oeuvre a reçu le soutien du Qatar pour financer les deux-tiers d'un investissement à 1 milliard de dollars. Dans son bureau, face au chantier où s'activent les bulldozers, il développe : "Nous montrons qu'on peut mener à bien un dessein ambitieux malgré l'occupation israélienne."  

Appartements tout confort, centre piétonnier, cinémas, galeries marchandes... Les brochures ont de quoi séduire le chaland. D'autant que la pénurie de logements est criante en Cisjordanie. Rawabi espère compter à terme 40 000 habitants et les premières transactions vont bon train : 600 logements ont déjà été vendus sur plan.  

Epreuves en série

Mais l'enthousiasme de ses promoteurs ne peut masquer les mille difficultés auxquelles est confrontée la future cité. Comme une parabole de l'Etat palestinien en devenir, l'éclosion de Rawabi est une lutte de tous les instants. Principal défi : la route d'accès reliant la ville nouvelle à Ramallah. Un tronçon de 2,8 kms passe en zone C, ces portions de territoires sous contrôle civil et militaire israélien. Il a fallu cinq ans pour obtenir d'Israël l'autorisation de paver et utiliser cette voie. Las, le permis, accordé en 2012, est temporaire et doit être renouvelé chaque année. L'approvisionnement en eau est un autre casse-tête. La précieuse ressource est acheminée en quantité limitée par camion-citerne. M. Masri -qui dit consacrer 70% de son temps à ces négociations- attend le feu vert pour construire des canalisations. En attendant, l'entrepreneur se désole que ces aléas dissuadent les sociétés étrangères de venir s'installer et créer des emplois. 


L'obstructionnisme israélien n'est pas la seule épreuve. Côté palestinien aussi, l'homme d'affaires a dû avaler quelques couleuvres. Ses détracteurs l'ont accusé d'avoir conçu une ville ressemblant étrangement aux colonies, avec son plan circulaire et ses immeubles à flanc de collines. Quant à l'Autorité palestinienne, très emballée sur le papier, elle n'a pas tenu sa promesse de fournir les fonds pour les infrastructures publiques, telles que les écoles. Enfin, pour avoir acheté du ciment en Israël et consulté certains de leurs ingénieurs, M. Masri s'est vu reprocher de faire le jeu de l'occupant. "C'est quand on ne fait rien qu'on accepte l'occupation, se défend-il. Si on y arrive, le modèle fera école, et dans quelques années, il y aura un Rawabi 2." 

 

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